Pourquoi les associations LGBT du Centre-Val de Loire reçoivent de plus en plus de monde ?

Le centre LGBT de Touraine a enregistré en février une hausse de 22% de la fréquentation de ses permanences. Même constat du côté du Groupe Action Gay et Lesbien du Loiret. Quels facteurs pour expliquer cette hausse ?

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"Nous on est passés d'environ 500 entretiens par an à 780", précise Christophe Desportes-Guilloux. Le secrétaire du Groupe d'Action Gay et Lesbien du Loiret fait le même constat que ses confrères associatifs de Tours. Le centre LGBT de Touraine a enregistré une hausse de 22% de la fréquentation de leurs permanences : 1653 visites.

Récemment née, l'association Berry LGBT ne peut pas encore communiquer de tels chiffres. "Tout ce que nous pouvons vous dire actuellement, c’est qu’il y a un intérêt certain et croissant au niveau local pour la thématique LGBT", répond le président, Emmanuel Ducarteron.
 

Agressions LGBTphobes : un bilan régional contrasté


Des chiffres qui ne sont pas forcément dûs à une hausse des agressions à caractère LGBTphobe. "Les agressions, c'est le sujet qu'on voit en permanence et que je comprends le moins, commente Christophe Desportes-Guilloux. Si on prend le rapport de SOS homophobie, ils mettent le Loiret et l'Indre-et-Loire dans les départements où on leur a signalé entre 5 et 9 faits LGBTphobes, dont 14% d'agression. Ça correspond à peu près à ce que nous, on voit."

Constat différent à Tours : Mickaël Achart, président du centre LGBT Touraine est lui marqué par la hausse des violences. "Je n'ai jamais vu ça en Touraine, qui est plutôt un lieu agréable à vivre...On a une hausse des violences LGBTphobes : l'année dernière, on a dû accueillir 5 ou 6 personnes qui se sont fait vraiment agresser."
 

Une libération de la parole ?


Pour ces acteurs locaux, plusieurs autres facteurs peuvent entre en jeu. D'abord, le rayonnement accru de leurs associations, désormais plus visibles auprès de la communauté LGBT. Ensuite, une situation d'accrue de mal-être chez les LGBT, couplée à une libération de la parole du côté des victimes.

"Il y a une sorte d'isolement, raconte Mickaël Achard qui reçoit entre autre des jeunes gens, ou des demandeurs d'asile. L'homosexualité n'est pas normalisée dans la société, les jeunes grandissent dans cet environnement-là, ils entendent des propos LGBTphobes, ça contribue à l'exclusion. Parfois, cette société LGBTphobe est reproduite dans la famille." Elle a aussi, depuis l'époque de la Manif pour Tous, une parole qui s'est amplifiée dans la sphère publique.

"On a des gens qui viennent parce qu'ils se disent qu'ils peuvent, enfin, en parler, contrebalance le secrétaire du GAGL45. Dans le temps, quand des gens étaient victimes d'homophobie, c'est parce que c'est beaucoup plus facile d'aller "casser du pédé" si on sait qu'ils ne vont pas porter plainte. Aujourd'hui, chaque fois qu'on accompagne des gens en justice parce qu'ils portent plainte, les auteurs sont condamnés."

"Il y a une prise de confiance en soi, une prise de conscience en soi, qui fait qu'ils s'expriment, aussi sur les réseaux sociaux,
renchérit Mickaël Achard. Ils se font tabasser : ils le montrent ! Après ça reste des interprétations, ce n'est pas évident."
 

Une libéation de la parole qui admet des nuances. Du côté du Berry LGBT, Emmanuel Ducarteron estime que l'association "débute sur un secteur territorial où le tabou est encore très présent. Cela peut être dû au fait que dans une petite ville, ou un village, beaucoup de personnes se connaissent. Il n’y a pas l’anonymat que la grande ville favorise.. Ce peut être plus compliqué de sortir de la norme que la famille, les voisins, les amis valident pour vérité vraie."
 

Les associations s'adaptent tant bien que mal


Conséquence de cette augmentation des visites, les associations essaient de s'adapter, avec des moyens pas toujours suffisants. Le GAGL a dû recruter un nouveau bénévole, le centre LGBT de Touraine deux nouvelle personnes.

"Ça commence à nous poser des soucis, reconnaît Christophe Desportes-Guilloux. On est en train de réfléchir au modèle et au fonctionnement de l'association."

Mickaël Achard, de son côté, regrette le manque d'avancée concernant les démarches de l'association. "Ça fait trois ans qu'on a fait une demande à la mairie de Tours pour des locaux adaptés, et on a eu aucune nouvelle. 40m² c'est ridicule, quand on a 35 personnes pendant une permanence. Nous on continue de se professionnaliser, on fait des formations, ça nécessite de l'argent, et qu'il y ait un soutien des institutions."
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